Mercredi 20 octobre (20 octobre 1875)

Cosima Wagner Journaux

Lettre de M. Unger, il est inquiet, il a peur de la rupture de contrat; R. lui écrit pour l’apaiser; nous décidons d’aller à Vienne en passant par Munich afin de parler de diverses choses avec le conseiller Düflipp. R. pense aux châteaux des environs de Bayreuth pour loger les princes qui assisteront au Festival. Notre ami Feustel que je suis allée voir aujourd’hui pense également qu’il faut mettre de l’ordre dans certaines de nos affaires (question de l’avance d’argent, expliquer que Voltz et Batz ne sont pas habilités à toucher de l’argent à Munich).

Après le repas, R. et moi parlons des gens qui nous sont agréables sans qu’il y ait pour cela de raisons morales ou intellectuelles et R. me dit : « Mais non! je ne connais que mes rapports avec toi, ils me satisfont tellement que tout le reste m’est indifférent ou bien me dérange. » — Fidi commence à lire et y prend plaisir. – Le soir, une sonate pour violoncelle qui nous fait penser plus clairement que jamais que ce mélange n’est pas bon et qu’il ne peut exercer qu’une action paralysante sur les plus grands lorsqu’ils composent ; — pourtant, malgré notre préjugé défavorable, l’adagio de l’avant-dernière sonate de Beethoven nous fait la plus profonde impression ; — être divin, qui pourra assez te remercier ?… Si le remords est le sentiment de regret d’avoir fait quelque chose, je ne connais pas de remords, mais si c’est le sentiment le plus amer et le plus douloureux d’avoir dû faire quelque chose et de parvenir ainsi au sentiment le plus triste que notre existence est mauvaise, alors je suis emplie, toujours et toujours, de remords. Je pense à Hans et aussi à ma mort, cette mort rachètera-t-elle tout ?…

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